Le site de Berat situé dans l’arrière-pays albanais n’est pas très haut, il culmine sur une crète tondue par les troupeaux de moutons à 400m de dénivelé au-dessus de Berat ville médiévale et qui plus est pittoresque, ou se côtoient : églises, mosquées, synagogues, temples orthodoxes et par-delà les clivages philosophiques une sorte de paganisme balkanique étonnant mélange du culte de la santa madonna, de la magie noire et des grands principes ancestraux intergénérationnels.

Le Mont Tomorr culmine à 2416m abrite à son sommet une sépulture du premier imam chiite, révéré par la secte bektachis. En août la montagne est prise d’assaut pour un pèlerinage et offrandes en sacrifice pour les bons présages. Le site est accessible en voiture sur une large piste entretenue ou à pied. J’opte pour le stop.

Après une belle suée à gravir les derniers 800 mètres interminables, seul au soleil et dans la poussière, je suis convié à partager une part de forêt noire en l’honneur de la célébration de l’anniversaire d’un groupe évangélique américain type témoin de Jéhovah. De passage en Albanie ils sont venus célébrer leur camarade sur ce sommet herbeux et rocailleux. Sympa de recevoir des calories salutaires ainsi que des bénédictions pour un premier décollage en ce lieu insolite.

Après une flèche de 30 minutes en ligne droite à plus de 2000m de dénivelé je me pose au bord de la rivière à une encablure de la ville. Je réalise que le propriétaire des lieux est un passionné de chasse aux oiseaux sauvages… il me loue la qualité de ses cartouches de fabrication française, il connaît aussi trois mots de français et m’offre une bière fraîche un jus de raisin pétillant ainsi que les 5 derniers kilomètres à boucler en 4X4 jusqu’à mon hôtel. Top!

Le stage tandem Procourse commence par 6 jours de théorie intensive  avec des ateliers pratiques comme la mesure des différentiels de trimage des suspentes un vrai casse-tête tant au niveau des outils de mesure de fortune et du report en fichier Excel, le test des sellettes sous portique, ça c’est vachement plus accessible, ou les procédures de décollage qui sont formelles et indispensablement écrites selon le référentiel APPI pour minimiser tout risque d’oubli puis viennent les gonflages en situation  et ensuite 6 jours sont consacrés quasi exclusivement à la pratique du vol.

Mon premier vol sera en compagnie de Linda qui réalise son stage bi dans l’optique de devenir monitrice en Norvège. Linda est norvégienne, elle tient un blog de voyages parapente et parle un peu français. Elle fait de la compétition en cross, mais aime surtout partager sa passion avec d’autres pilotes ou sur instagram. Elle est cool et comprend des blagues si je lui raconte lentement. L’ambiance est détendue même si la langue de Shakespeare est allégrement galvaudée par notre équipage bigarré de pilotes migrateurs.

Pour l’examen nous allons à Vlore, un site touristique de bord de mer avec 800m de dénivelé permettant la pratique concomitante des manœuvres bi, une technique de descente rapide, un 720 en moins de 20 secondes et un 720 inversé (un huit) en moins de 25 secondes, et deux posés dans une cible de 15m de rayon. Les conditions de vol sont parfaites et le site de bord de mer permet de gérer son approche dans des conditions optimales.

Les vols s’enchaînent sur trois sites différents avec différentes ailes et passagers, l’occasion de comparer les sellettes et maniabilités des aéronefs, l’usage des trims, surface et potentiel de ressources spécifiques au biplace.

L’équipe de formateurs est constituée de Roland Dorozhani pilote et juge de compétition d’acro ainsi que de Mendo Veljanovski pilote d’acro et pionnier du vol libre. Parmi les élèves deux Albanais sont des biplaceurs déjà chevronnés qui valident un niveau Pro et quatre aspirants respectivement de Norvège, Autriche, Kosovo et de France pour valider un niveau biplace non commercial.

Je valide l’examen pratique pour de la pratique non commerciale, mais il me reste à réaliser 30 vols avec des passagers pilotes avant de pouvoir emmener d’autres passagers.

Chacun repart du stage avec une feuille de route à suivre ainsi que plein de souvenirs de rencontres et de paysages inoubliables.

Un merci à Jonathan pour ce partage.

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