BORNES TO FLY 2024

Cette année, c’était ma première participation à la Bornes To Fly. Cette course est probablement la plus populaire des compétitions de marche et vol en France avec une centaine de participants et plusieurs nationalités (Allemands, Belges, Italiens, Suisses et même Norvégiens).

La première fois que je m’y suis intéressé c’était lors de la participation de l’ami Yann LEPAGE, lui aussi un pilote de PSV, en 2022 me semble-t-il.

J’ai moi aussi participé à mes premières compétitions de marche et vol en 2022 et cette BTF allait donc être ma 6e compétition dans cette discipline. J’ai pris les choses sérieusement en me focalisant sur l’entraînement physique dès l’automne 2023 et investissant également dans le nec plus ultra : une Zeolite 2. 🤩

Pour la BTF, il est nécessaire d’avoir au moins un assistant lors de la compétition. Outre le lien qu’il fournit à l’organisation avec le pilote, son rôle est également d’aider au maximum ce dernier. Que ce soit dans ses choix stratégiques, le suivi de ce que font les autres concurrents, l’accompagnement au sol pour lui porter eau, nourriture ou vêtements de sorte à alléger son sac au maximum, mais surtout retrouver le pilote le soir pour monter le camp où passer la nuit. En ce qui me concerne c’est ma chérie (Florence) qui tenait ce rôle indispensable, elle fut d’ailleurs brillante sans être parapentiste elle-même ! J’avais également un copain moniteur à Saint Hilaire qui me fournit une télé-assistance, me faisant profiter ainsi de sa bien meilleure connaissance de ces massifs ou je n’ai que trop peu volé par rapport aux nombreux participants du coin.

La course est prévue sur trois jours et tout le monde découvre le parcours la veille du départ lors du briefing. Le parcours est adapté aux prévisions météo et ces dernières s’annoncent un peu mitigées, le parcours prévu se révèle donc peu compliqué d’après les locaux, car en ce qui me concerne, ayant peu volé dans les Alpes du Nord, je ne me rends pas trop compte. La distance optimisée annonce environ 150km et s’étend des Aravis (Grand Bornand) au sud des Bauges (Aillon le jeune). La traversée aller-retour du lac d’Annecy est donc au programme ! L’avenir nous dira que ça volait finalement assez bien ce WE.

L’itinéraire complet

 Jour J

Trace du premier vol: https://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:GKPDM/18.5.2024/08:42.2024/05:00#fd=landing

 Le départ de la course a lieu à la station de Merdassier aux environs de 9h30. En général tout le monde à la même stratégie au début et si j’ai bien retenu une leçon c’est qu’il est rarement payant d’essayer de faire l’original… Mieux vaut tenter de suivre les meilleurs, ce qui n’est pas forcément aisé tant au sol qu’en vol. La journée commence donc par une première montée à la pointe de Merdassier (700m D+) pour y décoller en SE. À chacun son rythme mais ne sachant pas non plus de quoi la journée sera faite, mieux vaut en garder un peu sous la pédale… sans trop se laisser distancer, pour profiter de la voie ouverte par la tête de course.

Ambiance compèt au sol comme en l’air

J’arrive au décollage en 45min environ et une petite dizaine d’ailes ont déjà décollé. Mon assistante déjà sur place m’aide à m’équiper et je m’élance sans attendre car le plafond semble déjà généreux !

Vidéo du premier décollage :

Dans les starting-blocks

Aussitôt en l’air l’objectif est de se replacer côté est des Aravis où les thermiques sont déjà bien actifs. La première balise est juste au niveau du col des Aravis et se valide par un petit crochet sans difficulté. Le plafond atteint, je file derrière les premiers en transition vers le Suet (extrémité nord du Lachat de Thônes). La raccroche se fait mais le plafond est moins facile à atteindre. Il faut donc trancher entre être patient et espérer trouver le thermique qui te montera plus haut encore ou tracer pour suivre la tête de course. Je finis par y aller, pas aussi haut que je ne l’espérais mais je ne suis pas le seul et nous partons valider la balise du Chalet des Auges dont le rayon est assez petit.

En orange la balise de départ (TP1), ensuite l’itinéraire suit les flèches rouges (TP3: Chalet des Auges)

Troisième balise validée, c’est parti cap au sud le long d’une face est qui ne s’avérera vraiment pas généreuse, ne trouvant rien de concret à enrouler j’opte pour une fuite en avant pour contourner la Tête à Turpin et longer les faces rocheuses en direction de la balise du Parmelan. Ces faces sont plutôt sud et à cette heure, avec les conditions du jour, je ne trouve toujours rien sur mon chemin. C’est finalement à l’extrémité du Parmelan, alors que je suis presque à la limite de la forêt, que je trouverai l’ascendance salvatrice. Un genre de confluence je pense, qui ne paraissait pas très saine mais qui me permit de remonter à hauteur des crêtes et claquer la balise, youpi !

Je me détends donc un peu et repars le long de la crête espérant trouver de quoi faire un plus gros plein avant la prochaine transition…. Direction le lac. 🤞

TP4: A l’extrémité du Parmelan, avant de prendre la direction du lac

Le plein ne sera finalement pas si bon, le ciel est plutôt couvert, on sent que l’activité faiblit,  de la pluie était d’ailleurs annoncée en début d’aprem. Bref je m’élance quand même, contourne les Dents de Lanfon, survole Talloires et c’est parti pour la traversée du lac ! À ce moment, je me rends quand même bien compte que je suis plutôt bas et considère un éventuel atterrissage à Duingt si la raccroche ne fonctionne pas. Mon altitude ne me permet pas de viser le pied du Roc des Boeufs et je m’oriente donc plutôt vers le pied des falaises d’Entrevernes, ces dernières sont exposées de façon similaire à la brise du lac. Je raccroche, ça tient à peine, j’arrive néanmoins à remonter doucement ces falaises mais vu la mollesse de ce qui me pousse et le soleil toujours absent ça sent l’impasse, jamais je n’imagine réussir à prendre assez de gaz pour remonter aussi haut que le Roc des Boeufs… Au mieux je pourrais suivre ces falaises jusqu’au col de la Frasse, mais ensuite ? Finalement, me voilà posé à Entrevernes, mais haut les cœurs, le début de course n’est déjà pas si mal : 3 balises faites en volant, je suis du bon côté du lac avant la pluie, reste plus qu’à marcher un peu car finalement on est aussi là pour ça !

Trace suivante : https://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:GKPDM/18.5.2024/11:18

Ma formidable assistante n’est pas très loin, je me mets en route vers le col de la Frasse au sud d’Entrevernes et nous nous fixons rdv sur le chemin. Je la retrouve et elle m’accueille avec un sandwich et mon poncho car cela fait déjà 5 minutes qu’il pleut, au top je vous dis.  😊

7 km et 650m de dénivelé plus tard, j’arrive au col tout juste à temps pour voir un autre coureur décoller et partir de l’autre côté. Je décide d’en faire autant. À ce moment, il ne pleut plus bien-sûr mais le ciel est encore tout gris, j’imagine donc devoir trouver un moyen d’enchaîner des “hike and plouf » pour me rapprocher de la balise suivante à Aillons le Jeune. Mais c’était sans compter sur la magie des brises Baujus, car je trouve alors un appui dynamique au Crêt du Char (extrémité sud du prolongement des falaises d’Entrevernes).

Je prend le max que je puisse (c’est quand même assez limité) et me jette vers le Mont Chabert (devant le Julioz), la suite est un peu moins magique mais correcte, la magie s’arrête à la Dent de Rossanaz que je contourne pour poser à Aillons le vieux.

À ce moment je suis quand même content, j’ai bouffé quelques kilomètres en volant et c’était inattendu, petit point stratégie : la balise suivante n’est plus qu’à 3,5km.

Je pars donc en courant avec mon sac, coup de chance c’est un faux plat descendant jusqu’à Aillons le Jeune donc pas trop exigeant. J’en profite pour discuter avec mon assistante des options qui s’offrent à moi pour la suite et elle m’en propose deux :

  • remonter au Col de la Cochette (sous le Colombier)
  • ou remonter au Rocher de la Baddaz. J’opterai pour cette dernière qui présente plus de dénivelé mais bien moins de kilomètres.

C’est donc parti pour 700m de D+ et 2,7km seulement, je vous laisse imaginer la raideur du sentier, ça rappelle le sentier jaune de la Sainte 😉

Sur le chemin, je rattrape Baptiste Lambert, je lui fais un peu d’humour, je suis à la fois rassuré de tomber sur un pilote d’exception et pas peu fier de le dépasser. XD

La suite nous prouvera que l’on a chacun son domaine de compétence. 😆

J’arrive à la petite pente herbeuse qui va nous servir de décollage et juste à ce moment décolle Jean De Biolley, un très bon pilote belge. Son assistant m’aidera d’ailleurs à me préparer. Pendant ce temps Baptiste arrive au décollage, scrute les conditions et nous constatons sur le live tracking que Jean se maintient difficilement en l’air. Baptiste remarque que le soleil pointe le bout de son nez plus au sud, il préfère donc attendre avant de décoller et me suggère de faire de même, il est confiant sur le fait que les conditions se remettent en place. Et il avait raison ! Je decolle finalement juste derrière lui, je suis excité à l’idée d’essayer de le suivre. Nous remontons le Colombier jusqu’à la Dent de Rossanaz qui a retrouvé sa magie, ça fait plaisir de reprendre de l’altitude, nous enroulons donc non loin l’un de l’autre tout en faisant attention au nuage qui se forme entre nous deux à hauteur de la crête. Au bout d’un moment, je galère à prendre plus d’altitude, je ne vois plus Baptiste, masqué par le nuage. Je décide donc de partir vers le Mont Chabert. J’espérais être plus haut, mais bon, je tente quand même et c’est alors que je découvre Baptiste dans mes 11h au moins 100-150m plus haut que moi sur une ligne qui semble bien plus porteuse que la mienne.

La pression monte, je me rends bien compte que je suis bas et je ne parviens pas à me refaire sur le Chabert. J’opte de nouveau pour une fuite en avant sur les contreforts du Roc des Boeufs alors que je vois Baptiste s’échapper sans difficulté. Échec… Me voilà posé au pied du Roc à proximité d’un sentier que j’ai repéré en l’air. Frustration, mais qui sera adoucie par l’arrivée de Jean De Biolley qui avait fait une encore moins bonne affaire. C’est donc reparti pour 575m de dénivelé en espérant qu’il ne sera pas trop tard lorsque je décollerai au-dessus des Chalets du Sollier.

Ça y est, j’arrive à ce qui devrait être mon dernier décollage de la journée. Je ne suis pas seul, j’ai vu décoller deux ailes et Jean plus un autre pilote sont également là. Apparemment les conditions sont encore bonnes, il est environ 20h quand je m’élance. La montée aux crêtes se fait sans aucune difficulté et ceux qui ont déjà survolé le Roc des Boeufs savent à quel point c’est fumant ! Je fais le plein et me lance donc dans la traversée du lac direction la balise de Perroix.

Au sud le TP5 que je validerai à Aillon le Jeune. A Talloires le TP6

Pendant cette transition, je cogite, la balise d’après est loin au nord (Mont Lachat de Châtillon au Grand Bornand) je demande conseil à mon assistante qui me reporte quelques indications de mon copain « télé-assistant ». C’est bientôt la fin de journée (arrêt de la course à 21h) il est temps de penser à se positionner pour le lendemain matin. Le plan retenu est de m’approcher le plus possible du Lachat de Thônes d’où je décollerai en Est dès que possible le matin. Je continue donc mon glide, passe le déco de Planfait, le village de Bluffy et prend la direction du village d’Alex. Je jette un œil à mes instruments : ET MERDE ! Xctrack m’indique encore la balise de Perroix… Derrière moi. Misère ! Concentré comme je l’étais, je suis passé juste à côté de la balise dont le rayon n’était que de 200m. Vite, une décision s’impose, je n’ai en fait pas le choix et fais demi-tour. À cette heure-là, plus rien ne monte et je pose donc à l’atterrissage de Perroix.

Dé-gou-té… Je me sens vraiment bête, mais mon télé-assistant me propose rapidement une stratégie équivalente pour le lendemain, un décollage du col des Nantets. Un peu frustré, je plie mon matos sans me presser, Florence me rejoint il est 20h45. J’ai repéré sur la carte IGN un spot où nous devrions pouvoir nous poser en van et qui nous rapproche du col des Nantets pour demain. Je demande à Flo de m’y retrouver et je profite du quart d’heure qu’il me reste pour gravir les 117m de D+ qu’il me reste pour la rejoindre.

Fin de la première journée !

Après quelques 2750m de dénivelé et environ 20km à pieds, je suis fatigué mais content d’être du bon côté du lac pour la suite. Je prends enfin le temps de réévaluer la situation, il semblerait que mon oubli de balise ne me pénalise pas tant. Au lieu de décoller du Lachat de Thônes, je prévois un décollage de la pointe de Talamarche qui est juste un poil plus au sud et présente une superbe face Est.

J2

Trace : https://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:GKPDM/19.5.2024/05:00#fd=landing

Départ à 7h du matin, 1100m de D+ et 6,2km s’offrent à nous pour atteindre le déco ciblé au sommet de Talamarche. Il ne s’agit pas de monter trop vite car ma petite expérience m’a déjà prouvé à quel point il peut être difficile d’attendre les conditions lorsque l’on est au déco. Partir trop tôt serait prendre le risque de poser à Thônes et devoir remonter au Lachat (1000m de D+ environ).

Alors que nous arrivons au col des Frêtes, Lars Meerstetter un concurrent Suisse nous rattrape et nous dépose sur place, il est à fond ! L’ayant déjà croisé à deux Mont Blanc Air Tours, je le considère comme un bon pilote et plus expérimenté que moi, j’ai donc tout de suite envie d’accélérer derrière lui pour le talonner et surtout profiter de lui comme fusible au déco. Nous pressons donc un peu plus le pas et arrivons à 9h au déco. Lars est quasiment prêt et décollera à peine quelques minutes plus tard. C’était un peu trop optimiste… Il posera dans la face quelques centaines de mètres plus bas pour attendre les conditions.

Attente des conditions

Un groupe de 3-4 pilotes nous rejoint alors que j’attends les premiers signaux d’activité thermique. C’est bien, à plusieurs ce sera plus facile et parmi eux un assistant qui vole aussi va nous faire fusible. Encore un peu plus tard, qui vois-je arriver ? Baptiste Lambert ! Lui aussi a oublié de valider la balise de Perroix et à dû faire demi tour en volant puis à pied. Je rigole alors de ne pas être le seul à avoir fait cette boulette et me félicite de m’en être rendu compte à temps pour ne pas avoir eu à la faire en marchant.

Objectif : Le Grand Bornand, puis la montagne de Sulens

Je décolle finalement vers 10h15 après deux trois pilotes. Les conditions sont bonnes et c’est maintenant qu’il faut donner le meilleur en thermique. Je prends mon temps pour faire un plaf généreux et pars en transition vers le Lachat de Thônes, un peu derrière les autres certes, mais plus haut. Arrivé au Lachat, nous sommes assez nombreux, du monde en l’air et d’autres pilotes encore au décollage. J’essaie de progresser vers le nord tout en refaisant quelques pleins dans les thermiques les plus faciles que je trouve le long de la face.

Le décollage au deuxième jour :

L’objectif est de refaire un gros plein au Suet (ou nous sommes déjà passé la veille en début de course) avant de s’engager dans une longue transition vers le Grand Bornand. Je ne parviens pas à atteindre un plafond aussi haut qu’à Talamarche mais je finis par y aller, nous sommes tout un groupe sur cette longue transition et c’est assez sympa de voler comme ça en patrouille.

En transition vers le Grand Bo

En face au Grand Bornand, j’aperçois déjà pas mal d’autres ailes qui zérottent aux crêtes du Roc des Arces. La pression monte d’un cran car l’extraction ne semble pas facile et la face sud de cette falaise pas très spacieuse. Ça s’annonce compliqué si nous arrivons, tout autant que nous sommes, pour encombrer le site. Arrivant un peu plus haut que la grappe qui stagne, je décide de leur passer au-dessus et d’aller voir en face Est du Lachat de Châtillon si ce n’est pas meilleur. Aussitôt l’arête SE contournée je comprend que c’était une erreur, je ne sens rien du tout, je m’enfonce et j’ai un choix rapide à faire. Je suis au dessus d’un alpage plutôt plat avec au nord de ma position la pente SE et au sud une forêt de hauts pins qui risque de m’enfermer sur ce replat herbeux tellement je suis bas. Ni une ni deux, je décide de me poser dans la pente. Là, je me sens un peu bête mais je pense que c’était le mieux, repasser au vent des arbres m’aurait possiblement poussé à poser en fond de vallée. Je décide très rapidement de remonter la pente sur 40m avec mon aile en bouchon et je redécolle directement de l’arête SE pour me jeter en direction du Roc des Arces.

Je retrouve alors d’autres pilotes que je connais, toujours en train de zoner. En faisant preuve de patience nous parvenons finalement à refaire un plein et c’est parti cap au sud vers la tête du Danay. Cette montagne, je ne la connais pas et je dois dire que son aspect plutôt rond n’est pas du tout engageant pour un parapentiste. Par chance, j’y aperçois une aile au loin qui semble au moins réussir à se maintenir. Nous la rejoignons plus ou moins et je trouve rapidement un thermique assez large et facile à suivre qui me permettra un plein suffisant. Nous enchaînons donc rapidement en direction du col des Aravis.

FUFU ! Comme on dit ! Au col des Aravis, la face sud de la Combe de Borderan marche plutôt bien si l’on ne craint pas de voir le caillou de près. Je prends tout ce que je peux, mais stagne environ à 2000m. J’en veux encore plus, alors je pars le long de la face en direction de la pointe des Aravis (où j’avais aperçu quelques ailes), sur le trajet je me fais dégueuler jusqu’au moment où là, je rentre dans un truc super puissant. Le vario s’excite et moi aussi, j’atteins rapidement 2500 et ça monte encore ! J’arrive à 2800 et me lance pour la traversée du col vers le sud, mais bigre ça monte encore et je me fais aspirer dans le nuage qui est bien trop gros pour espérer en sortir par le côté. Obligé de faire des 360 face planète, quel gâchis, j’ai été trop gourmand. Pendant ce temps certains du groupe avec qui j’étais parti du Grand Bornand ont pris de l’avance et ont déjà traversé le col.

Arrivé de l’autre côté du col, je suis encore au plaf, je prends donc à peine le temps de faire un tour ou deux et pars en transition vers le Sulens (le prochain TP) qui me semble, ma foi, un peu lointain mais surtout assez bas.

Je profite d’un petit thermique dans la transition pour reprendre encore un peu de marge. À ce moment je ne suis pas encore passé en mode « course » mais suis encore dans une optique d’assurer le vol. Il ne reste que trois balises et je ne réalise en fait pas à quel point la ligne d’arrivée est proche. La balise du Sulens est validée sans effort, j’y enroule encore peut-être un peu trop puis je pars en direction de la face Est de la Tournette où d’autres ailes raccrochent déjà.

Après le Sulens, direction Doussard

Arrivé à la Tournette avec une altitude confortable, je rejoins les crêtes sans effort. La prochaine balise s’annonce comme un petit aller retour au-dessus de Doussard pour ensuite revenir au relief et le longer jusqu’au déco de la Forclaz. Mais ce petit aller-retour m’inquiète un peu, du sud du Lanfonnet jusqu’à moi, tout est en train de passer à l’ombre. Bon de toute façon, pas le choix il faut y aller. Je m’avance vers la balise, précédé et accompagné de 2-3 pilotes. Aussitôt validée par Xctrack je fais demi-tour direction le Lanfonnet. J’essaie de trouver une ligne à la verticale des crêtes qui porterait mieux mais je n’y arrive pas. Je vois un pilote devant moi enrouler un petit quelque chose que je ne trouverai pas en passant alors je continue ma fuite vers les gencives du Lanfonnet qui elles, au moins, sont au soleil.

Les trois derniers TP : Doussard, Tête à Turpin puis retour à Perroix

Un peu sous pression, j’arrive plus bas que la face rocheuse du Lanfonnet, dans une combe qui n’est que forêt, je trouve rapidement grâce à la présence d’un ou deux pilotes un thermique qui me remontera efficacement à hauteur de caillou. De là, je suis soulagé et gratte la roche avec mon stab pour remonter aux crêtes. Je poursuis dans ma lancée pour faire un bon plein (qui sera avec le recul un peu superflu), avant de m’élancer vers la dernière balise en direction de la Tête à Turpin. À ce moment, je réalise que les quelques pilotes juste devant seront irrattrapables. En effet, ce plein au Lanfonnet sera le dernier car un glide unique nous permettra de valider la balise et rentrer jusqu’à la ligne d’arrivée. Aussitôt la dernière balise validée, je pousse le barreau poulie contre poulie pour tenter de rattraper Koane Jondeau avec qui je vole déjà depuis la Tournette. Mais c’est trop tard, le bougre est bien chargé sous sa Xalps 5 et c’est donc à quelques secondes d’écart que nous arriverons à l’ESS (End of Speed Section, càd la fin du chrono). J’ajouterai quand même que le glide retour après la dernière balise reste un peu impressionnant, en effet lorsque l’on ne connait pas trop on n’imagine pas la marge qu’il y a en réalité entre les contreforts des Dents de Lanfon (à contourner) et l’atterrissage de Perroix. On se sent donc un peu bas au-dessus des arbres jusqu’à la dernière minute.

Mais ça y est ! La course est finie et je suis ravi ! Il n’est même pas 14h et c’est la première fois que je boucle un parcours en compétition (Il m’avait manqué 3km au Fly Chablais Challenge l’an passé). Il faut reconnaître que le parcours cette année était plus accessible, environ 82 pilotes le boucleront en 2 ou 3 jours. Je ne boude néanmoins pas mon plaisir, me classant 20ème sur 100 participants.

La saison est lancée !

Guillaume ROLLAND

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